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>> Ébauche de termes ou de concepts issus de l´observation sur le terrain, les mots qui constituent ce bref lexique ont pour objectif de relier de manière thématique les 237 lieux analysés, de proposer un regard transversal complétant la forme linéaire du parcours „fiche par fiche“. Pistes de réflexions, sorte de trame thématique, cet ensemble de termes évoluera et s´enrichira avec le temps et les collaborations que nous tachons de mettre en place.
[ si vous souhaitez participer à ce travail d´approfondissement contactez nous : contact@atelier-limo.eu ]

 

Frontière

La frontière constitue - pour des architectes particulièrement – un sujet d’étude fascinant: ligne de repère géographique, elle désigne l’extrémité d’une nation; en deux dimensions, elle possède une longueur que l’on peut mesurer mais n’a pas d’épaisseur. Ligne abstraite, la frontière désigne pourtant dans le langage courant un lieu. Cultivant ce paradoxe entre espace et concept, entre matériel et immatériel, la frontière constitue un système complexe.

La frontière influe par son statut et par son tracé le découpage du territoire en y instrumentalisant de la discontinuité. Au fil du temps, des formes spécifiques se sont développées s’accommodant tant bien que mal de leur position « au bout du monde » jusqu’à l’ouverture des frontières (villes jumelles, villes étapes, espaces quai, etc.). Les situations particulières d’un nouveau tracé ou d’un changement de statut de la frontière ont donné à ces lieux frontaliers une valeur symbolique, valeur qu’ils conservent aujourd’hui malgré le décalage avec leur matérialité et leur actualité. Conséquence des mouvements de frontière et de population, de nombreux bâtiments forts vecteurs d’identification - église, gare, château, usine - sont passés de « l’autre côté ». L’existence de ce « patrimoine transfuge » instaure une gêne des deux côtés de la frontière, autant chez les nouveaux que chez les anciens « propriétaires ». Il entretient dans certains cas des « rivalités historiques » entre voisins. La différence de niveau de vie génère un tourisme spécifique qui est l’une des manifestations les plus visibles de la frontière. Sédimentation sporadique au points de passages, ou véritables nappes homogènes (pouvant regrouper jusqu’à 400 stands, stations services, coiffeurs, etc.), ce tourisme touche aussi le domaine médical, la prostitution et la restauration. Il est très développé et conditionne dans une certaine mesure les relations entre frontaliers. Lieu surveillé, malgré la disparition du contrôle au points de passage, lieux tributaires de décisions politiques à l’échelle nationale voire européenne, ces espaces frontaliers sont sans cesse en recomposition. Les changements successifs du statut de la frontière transforment souvent ces lieux en « salle d’attente ».

Organisme fluctuant, terrain de projets communs visant a retisser des liens entre pays « historiquement » en  froid, la frontière est le lieu où les problématiques européennes se retrouvent concrètement exister dans l’espace. Comme en réaction par rapport au phénomène de mondialisation dont le démantèlement des infrastructures frontalières est un signe, la frontière est plus que jamais le lieu où s’affirment les particularismes et se cristallisent les identités, 20 ans après la chute du rideau de fer.