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L’Autriche et la Hongrie ont tous deux donné leur nom à l’empire qui a régné sur cette région du centre de l’Europe de 1867 à 1918. Ayant une superficie supérieure à celle de la France d’aujourd’hui, il comptait en 1910 plus de 50 millions d’habitants, et s’étalait en plus du territoire actuel des deux pays sur une partie de la Yougoslavie, de la Roumanie, de la Pologne ou encore l’ensemble de la Tchécoslovaquie. Il comptait notamment les villes de Vienne, Budapest, Prague, Ljubjana ou encore Sarajevo. De la chute de cet empire en a entre autre résulté la reformation de la Hongrie et de l’Autriche qui ne comptent plus aujourd’hui à eux-deux que 18 millions d’habitants. La frontière qui les sépare a été mise en place en 1922 suite au " Traité de Saint-Germain ". Les bornes officielles portent encore la marque de cette date.
Cette frontière, comme les précédentes (hormis l’ex-RDA), a été renforcée après guerre avec l’installation du rideau de fer qui avait pour but de dissuader quiconque de fuir le pays sous l’ère communiste : barbelés, tour de guêt, présence militaire, système d’alarme, zone intedite, chiens de garde et parfois mines antipersonnelles. Ce dispositif est reconstitué en partie dans le jardin d’un particulier, un ancien soldat hongrois qui en a fait un musée (A-H 13). C’est pourtant à proximité de Sopron que le rideau de fer a connu sa première brèche : en 1989 plusieurs centaines d’Allemands de l’Est qui avaient profité du " pique-nique paneuropéen " du 19 août qui réunissait se sont évadés pour fuir le régime communiste et se rendre en Allemagne de l’Ouest via l’Autriche (cf. A-H 06). A peine trois mois plus tard, le 9 novembre 1989, tombait le mur de Berlin. Il semble que l’événement de Sopron, pourtant assez peu connu, ait précipité le démantèlement de l’ensemble du rideau de fer.
Aujourd’hui, on dénombre 11 passages voiture entre l’Autriche et la Hongrie. Certaines autres routes sont également susceptibles d’effectuer ces liaisons mais l’accès en est pour des raisons réglementaires strictement réservé aux seuls piétons et cyclistes. Ceci entraîne l’apparition de typologies et d’usages étonnants comme au niveau du poste A-H 04 où la simple présence d’une barrière sur une route pourtant neuve régule le quotidien des habitants hongrois frontaliers et le fonctionnement d’une partie des usines autrichiennes à proximité.
Autre fait remarquable, la présence à plusieurs reprises (A-H 13 et 14) de routes hongroises toutes neuves qui sont stoppées net au niveau de la frontière. De l’autre côté, les routes autrichiennes n’existent pas encore ou plus et il faudra attendre une décision politique pour que ces routes puissent être prolongées et connecter les territoires des deux côtés. Ces espaces, ces infrastructures sont en attente. Ils verront leur paysage et leur fonctionnement changer prochainement tout comme ces villages à proximité du poste 04 qui se réorganiseront avec la levée de la mesure de restriction.
Cette portion de frontière est la seule sur l’ensemble de celles étudiées (avec portion sud de la frontière SK-A) à être encore sous surveillance militaire. Côté autrichien, le Land du Burgerland accueille en effet une grande partie des installations de l’armée qui se concentrent à la frontière. Cette présence militaire vient suppléer ou parfois même remplacer les services de police classiques. Enfin le dernier fait marquant sur cette portion de frontière est la présence importante des services de santé côté hongrois, notamment de cabinets dentaires. Le tourisme de la santé, forme de tourisme différentiel , est en effet récurrent en Hongrie et peu prendre des proportions importantes comme en périphérie de Sopron (A-H 07) où se trouve un complexe regroupant clinique de chirurgie esthétique, soins dentaires, massages et hotel uniquement destiné à une clientèle germanophone.