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>> Ces courtes présentations des sept portions de frontière constituant l'ancienne frontière de Schengen ont pour but d'apporter les éléments nécessaires à la compréhension des lieux présentés et de mettre en perspective les observations relevées sur le terrain en les replaçant dans leurs contextes historique et géographique. Ces présentations sont sujettes à être complétées et améliorées.
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La frontière entre l’Allemagne et la République tchèque possède un tracé très ancien. A quelques exceptions près, il correspond au dessin qui existait déjà aux alentours du Xvème siècle et qui partage encore la Saxe et la Bavière aujourd’hui allemandes à la Bohême tchèque. Ce sont en grande partie les différentes chaînes de montagnes qui ont servi de support, de prétexte naturel à la frontière. On peut toutefois noter que ces reliefs ne sont pas très élevés et qu’ils possèdent une large épaisseur. La ligne de séparation n’est donc pas forcément franche d’un point de vue géographique.

Même si le tracé de cette frontière n’a pas beaucoup évolué (mise à part la période où il n’a officiellement plus existé lorsque la Bohême a été envahie par les Nazis de 1938 à 1945), son statut a lui, beaucoup évolué au fil de l’histoire. Jusqu’à la 2nde G.M., la frontière ne séparait pas systématiquement deux populations éthniques distinctes (d’où la notion de " frontière molle ", terme développé dans le chapitre " translation:  frontière et population déplacées " ). Une grande majorité de la population des villes et villages tchèques à proximité de la frontière était allemande et les relations étaient étroites avec le côté allemand. Les échanges s’effectuaient à certains endroits quotidiennement, certaines villes étaient même à cheval sur la frontière, certains enfants allemands se rendant à l’école côté tchèque ou inversement. Cette forte présence allemande fût utilisée par Hitler pour justifier l’invasion de la Tchécoslovaquie qui fût présentée comme une simple restitution de ce territoire à la " grande Allemagne ".

Au lendemain de la défaite allemande, les décrets Beneš (du nom du président tchècoslovaque de l’époque Edvard Beneš) ont complètement redéfini le statut de cette frontière en expulsant du territoire entre 1945 et 1947 quelques 2,6 millions d’Allemands de Tchécoslovaquie qui ont dû rejoindre l’Allemagne ou l’Autriche (ce qui représentait environ le quart de la population tchécoslovaque de l’époque). Ces familles ont été expulsées parfois du jour au lendemain de leur domicile. C’est ce qu’on appelle communément les Sudètes. On estime à près de 19 000, le nombre de décès dus à ces déplacements souvent violents. La frontière est devenue par la suite beaucoup moins perméable (" frontière dure ").

Le déplacement de cette population des Sudètes a eu pour conséquence la vacation de nombreux villages occupés autrefois par les Allemands. Ces villages ont en partie été réinvestis par une population tchèque venant d’ailleurs, en partie entièrement détruits mais également laissés en ruine. Aujourd’hui encore, certains déscendants allemands de ces familles déplacées revendiquent la propriété de certaines maisons se trouvant en République tchèque. (cf. " espace refouloir ")

Le partage de l’Allemagne entre la RFA et la RDA a donné naissance à deux types de frontière bien distinctes: entre la RDA communiste et la Tchécoslovaquie, pas de rideau de fer. Il n’y en avait pas moins une forte présence militaire et le passage ne se faisait pas si facilement. Les Allemands habitant avant guerre en Tchécoslovaquie n’avaient pas forcément accès à leur ancien lieu de vie. Avec le rideau de fer, la séparation entre la Bavière et la République tchèque était encore plus forte. Le dispositif mis en place et que l’on retrouve jusqu’au couple Autriche-Hongrie compris, a réellement coupé ces deux mondes. L’ espace interdit et ultra-surveillé (parfois miné) mettant à distance les deux parties se développait en territoire Tchècoslovaque et avait une épaisseur d’environ 1km de moyenne. De chaque côté, ceci a entraîné la formation d’ espaces
se retrouvant dans une position de « bout du monde ». Côté Ouest, on a vu l’apparition des « Aussichtturm » (tour d’observation) mis à disposition pour les familles autrefois déportéee qui pouvaient par-delà le rideau de fer observer leur ancien lieu de vie (CZ-D 56, A-CZ 16).

Le démantèlement du rideau de fer a donc eu de grandes conséquences sur cette frontière (mais aussi A-CZ, SK-A et A-H). Beaucoup de villes frontalières se sont retrouvées désenclavées du jour au lendemain. Aujourd’hui se pose la question du devenir des terrioires qui se trouvaient dans cette bande de 1km qui a été laissée vacante ou simplement vouée à l’agriculture. A certains endroits, une flore et une faune particulières se sont même développées dans ces espaces laissés sauvages durant 40 ans. La séparation avait égélament mis à distance d’un point de vue temporel les contentieux entre les populations qui s’exprime aujourd’hui sous différentes formes. Un phénomène de « remise en mémoire » est en cours à travers certaines associations d’anciens habitants qui commémorent à leur façon leurs anciens lieux de vie ou celui de leurs ancêtres. (installation de stèles, fêtes de villages, réhabilitation de lieux symboliques...)

A noter aujourd’hui au niveau de la frontière germano-tchèque l’importante présence de la minorité vietnamienne côté tchèque. Cette population issue de l’immigration qui a eu lieu lorsque le Vietnam, la Tchécoslovaquie et la RDA tous les trois communistes entretenaient de bonnes relations, gère la totalité des marchés frontaliers. Lle s’est ainsi retrouvée concentrée au niveau de la frontière.

Enfin, on observe aujourd’hui une grande quantité d’établissements voués à la prostitution sur les territoires tchèques frontaliers (cf. tourisme sexuel). La plus grande manifestation de ce phénomène se trouve au niveau du poste CZ-D 25.