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>> Ébauche de termes ou de concepts issus de l´observation sur le terrain, les mots qui constituent ce bref lexique ont pour objectif de relier de manière thématique les 237 lieux analysés, de proposer un regard transversal complétant la forme linéaire du parcours „fiche par fiche“. Pistes de réflexions, sorte de trame thématique, cet ensemble de termes évoluera et s´enrichira avec le temps et les collaborations que nous tachons de mettre en place.
[ si vous souhaitez participer à ce travail d´approfondissement contactez nous : contact@atelier-limo.eu

 

Espace 0


Point de repère géographique, la frontière assure sa fonction d’origine. C’est le lieu du basculement.  Au sens strict du terme, la frontière n’est pas un espace, elle possède une longueur que l’on peut mesurer mais n’a pas d’épaisseur, en deux dimensions elle ne possède pas de matérialité propre. Extrémité d’une nation, son tracé officiel n’en est pas moins une ligne imaginaire. Il n’a pas de réalité physique comme nous le montrent ces bornes sur lesquelles sont gravés des repères qui en esquissent le dessin. Dans le langage courrant, on désigne par frontière autant l’idée abstraite située géographiquement (somme de segments repérables par satellite) que ce qu’elle induit spatialement, socialement et les nombreux domaines qu’elle recoupe.

La frontière est ce que nous pourrions appeler un " espace 0 ", espace qui ne se définit pas par ses contours mais par le rayonnement de son origine: une ligne imaginaire. L’existence de population qui se dit frontalière nous renseigne sur la réalité de cette frontière-espace. Même si elle semble exister il apparaît difficile de la cerner spatialement. Elle constitue un des rares espaces ne pouvant être défini par un contour, spatial ou législatif. Comme si on avait retourné le système, la clôture, élément permettant de rendre l’espace mesurable se  retrouve au cœur de l‘ensemble. La frontière est génératrice, elle fonctionne comme un émetteur

La frontière possède différents degrés d’incarnation, du jalonnement de petites bornes blanches au rideau de fer infranchissable, en passant par la clôture officielle qui suit à peu de chose près le tracé (il doit toujours bien y avoir une marge d’erreur de quelques centimètres).

La frontière peut également trouver son incarnation  dans une barrière naturelle comme un fleuve ou une rivière. Mais celui-ci ou celle-ci n’en existe pas pour autant en tant que frontière; cette rivière n’est pas plus frontière qu’une autre. L’Oder/Odra qui coupe Frankfurt et Slubice (D-PL 18) n’est en elle-même pas plus frontière que la Seine qui sépare le musée d’Orsay du jardin des Tuileries. C’est son statut, sa signification qui lui donne cette qualité de frontière.

Toute la complexité réside dans ce paradoxe, une idée génératrice, immatérielle influe sur l’espace. C’est ce qui rend cette notion si fascinante pour l’architecte car il l’oblige, s’il veut la saisir dans sa réalité à croiser les différents paramètres qui la définissent: sa position géographique, sa matérialisation, mais aussi son contexte qu’il soit socio-économique, historique, par conséquent sa valeur symbolique.